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Description

Le présent rapport porte sur l’immigration de langue française à l’extérieur du Québec et son évolution récente :
son effectif, sa répartition sur le territoire et ses caractéristiques démographiques et socio-économiques. Dans le présent portrait statistique, l’on fera surtout usage de la notion de première langue officielle parlée (PLOP), laquelle est maintenant beaucoup utilisée comme critère de définition des groupes linguistiques dans les travaux sur les minorités de langue officielle. La population immigrée francophone à l’extérieur du Québec est constituée de deux groupes : ceux qui ont le français uniquement comme première langue officielle parlée (les immigrants de PLOP français) et ceux qui ont et le français et l’anglais (les immigrants de PLOP français-anglais). La population immigrée francophone vivant à l’extérieur du Québec est relativement peu importante, tant en nombre absolu que par rapport à l’ensemble des personnes de langue française ou par rapport à l’ensemble de la population immigrée. Le poids relatif des immigrants francophones au sein de l’ensemble de la population de langue française s’est toutefois accru, passant de 6,2 % à 10 % entre 1991 et 2006, alors que son poids au sein de l’ensemble de la population immigrée a connu une variation plus modérée, se situant tout au plus à moins de 2 % en 2006. C’est en Ontario où se concentrent la majorité des immigrants francophones à l’extérieur du Québec, soit 70 % de ceux-ci. Par ailleurs, les deux tiers des immigrants de langue française vivent dans trois agglomérations urbaines, soit Toronto, Ottawa et Vancouver. Pour l’ensemble du Canada à l’extérieur du Québec, les immigrants de PLOP français-anglais, au nombre de 76 100 au Recensement de 2006, sont légèrement plus nombreux que les immigrants de PLOP français, dont l’effectif est de 60 900. Dans certaines villes, notamment Toronto, Vancouver et Calgary, cette caractéristique est plus marquée, le nombre d’immigrants de PLOP français-anglais étant presque le double de celui des immigrants de PLOP français. Ces deux groupes de PLOP ont des caractéristiques démographiques et socioéconomiques qui sont parfois très contrastées.
L’immigration internationale vers le Canada s’est rapidement transformée au cours des dernières décennies. Les immigrants d’origine européenne ont eu tendance à céder leur place aux immigrants en provenance d’Asie, d’Afrique et de l’Amérique latine. À cet égard, les immigrants de PLOP français se distinguent des autres immigrants par la proportion importante qui proviennent du continent africain. Une des conséquences de cette tendance a été de modifier la composition de la population immigrée de PLOP français qui comptait en 2006 26 % de Noirs, comparativement à 5 % dans le cas des deux autres groupes d’immigrants. La population immigrée francophone apparaît comme une population plutôt jeune (caractérisée par une proportion importante des 0 à 19 ans) quand on la compare aux immigrants non francophones. Cette caractéristique s’explique en partie par la composition par âge très particulière des immigrants de PLOP français-anglais. Ceux-ci comptent, en effet, une proportion élevée de jeunes âgés de 10 à 24 ans, proportion nettement plus élevée que chez les immigrants de PLOP français et les immigrants non francophones. La migration interprovinciale est très différentiée selon que l’on est un francophone ou un non-francophone habitant le Canada à l’extérieur du Québec. Alors que les francophones tendent à s’établir au Québec lorsqu’ils migrent à l’intérieur du Canada, les non-francophones choisissent plutôt une des neuf autres provinces, surtout l’Ontario, la Colombie-Britannique et l’Alberta. Au Québec on observe les tendances exactement inverses : les francophones du Québec, qu’ils soient natifs ou immigrants, migrent relativement peu vers les autres provinces alors que les non-francophones quittent la province dans une proportion beaucoup plus élevée. Au total, le mouvement des immigrants francophones du reste du Canada vers le Québec n’arrive pas à compenser le mouvement inverse du Québec vers le reste du Canada et le solde migratoire interprovincial des immigrants francophones favorise nettement le Canada à l’extérieur du Québec. En terme relatif, le solde migratoire des immigrants francophones est même plus important que celui des francophones nés au pays et que celui des immigrants non francophones.

L’examen des comportements langagiers à la maison et au travail chez les immigrants francophones établis à l’extérieur du Québec montre l’existence d’une concurrence entre le français et l’anglais parlés à la maison et utilisés en milieu de travail. Chez les immigrants de PLOP français, moins de la moitié déclarent parler la langue française le plus souvent à la maison, alors que 32 % déclarent parler l’anglais et 10 % une langue non officielle.Quant aux immigrants de PLOP français-anglais, le français parlé à la maison est très peu répandu, même en tenant compte du nombre des locuteurs qui déclarent le parler à la maison sur une base régulière (plutôt que le plus souvent).En milieu de travail, la présence de l’anglais est très répandue. Chez tous les groupes définis par la première langue officielle parlée (PLOP) et le statut d’immigrant, l’anglais domine largement comme langue le plus souvent utilisée au travail. Chez les immigrants de PLOP français, 63 % déclarent utiliser l’anglais le plus souvent au travail.Les tendances régionales indiquent que l’usage du français diminue d’est en ouest : il est le plus important en Atlantique, en particulier au Nouveau-Brunswick, demeure élevé dans le nord de l’Ontario et à Ottawa, et atteint le plus faible niveau d’utilisation à Toronto (et dans le sud de l’Ontario en général) et dans les deux provinces del’Alberta et de la Colombie-Britannique.
La transmission du français dépend à la fois du type de couple où vivent les enfants et du contexte où cette langue est utilisée. La transmission du français est d’abord le fait des couples où les deux partenaires sont de PLOP français uniquement : la majorité des enfants d’âge mineur ont le français comme langue maternelle, le parlent le plus souvent à la maison et l’ont comme première langue officielle parlée. La situation est complètement différente chez les autres types de couple où c’est la transmission de l’anglais ou d’une langue non officielle qui domine. Le contexte est également important. En tant que langue maternelle, le français est transmis à 25 % des enfants; il l’est à 34,4 % des enfants en tant que langue d’usage au foyer (langue parlée au moins régulièrement à la maison); et à 36,6 % des enfants en tant que première langue officielle parlée (PLOP). Par ailleurs, la concurrence de l’anglais est forte dans tous les contextes : en tant que langue maternelle, l’anglais (en excluant les cas de transmission simultanée du français et de l’anglais) est transmis à 28 % des enfants, en tant que langue d’usage à 63 % des enfants et en tant que PLOP à 58 % des enfants. Dans les trois cas de transmission intergénérationnelle, l’anglais surclasse le français en termes du nombre d’enfants à qui la langue est transmise. Quant aux langues non officielles, leur transmission aux enfants d’âge mineur est substantielle et plus répandue que le français : 47 % des enfants ont une langue non officielle comme langue maternelle et à peu près la même proportion, soit 46 %, utilisent une langue non officielle au moins régulièrement à la maison (sans compter les cas où une langue non officielle est transmise simultanément avec le français ou l’anglais).Les immigrants de première langue officielle (PLOP) française se distinguent à la fois des personnes francophones nées au Canada et du reste des immigrants (de PLOP français-anglais et non francophones) en termes de leur niveau d’éducation et des caractéristiques des diplômes obtenus. Ils possèdent un niveau d’éducation semblable aux immigrants de PLOP français-anglais, mais plus élevé que celui des natifs et des immigrants non francophones, et ce tant chez les hommes que chez les femmes. Les immigrants de PLOP français se distinguent des autres groupes d’immigrants par la plus forte proportion d’entre eux qui ont obtenu leur diplôme ou certificat au Canada. De plus, parmi ceux qui ont obtenu leur diplôme ou certificat à l’étranger, une plus forte proportion l’ont obtenu en Europe occidentale, surtout dans un pays de la francophonie, la France en tête. Par ailleurs, une plus faible proportion des immigrants de PLOP français ont acquis un diplôme ou certificat universitaire d’études d’ingénieur comparativement aux autres immigrants (de PLOP français-anglais et non francophones).On a observé peu de différences entre les groupes d’immigrants quant à leur participation au marché du travail, bien que les immigrants non francophones soient moins touchés par le chômage que les immigrants de PLOP français et de PLOP français-anglais. Ce sont plutôt les caractéristiques socioéconomiques qui dictent le degré d’insertion des immigrants au marché du travail canadien. La période d’arrivée au pays est déterminante à cet égard, tout comme l’est le continent de naissance – les ressortissants africains apparaissant particulièrement
défavorisés.

Type de document
Documents communautaires et gouvernementaux
Auteur
Réné Houle
Langue
Français